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Amber Fares, réalisatrice de documentaire et photographe
Publié le mercredi 1er mars 2017, Thèmes : - Cinéastes

Amber Fares est réalisatrice de documentaire et photographe, primée de nombreuses fois pour son travail.
Son long métrage Speed Sisters a été montré en avant-première aux Hot Docs en 2015, où il a reçu l’un des prix du public. Il a aussi gagné le prix du public au Festival de l’Irish Film Institute.
Amber Fares a grandit au Canada dans la communauté libanaise à laquelle appartient sa famille. Aujourd’hui, elle habite à Ramallah où elle exerce son métier de cinéaste documentariste. Elle travaille également avec des organisations telles que l’UNRWA, Defence for Children International et Amnesty International. Elle est aussi la cofondatrice de SocDoc Studios avec Avi Goldstein — ensemble ils produisent des films explorant principalement des thématiques sociales.
Amber Fares développe dans ses films une approche de la narration particulière, persuadée que les histoires personnelles sont les mieux à même d’aider le public à se sentir concerné par des problématiques plus générales. Les Speed Sisters sont la première équipe de course de voitures, entièrement féminine, au Moyen-Orient. Elles défraient la chronique et font tourner les têtes sur des pistes de course improvisées en Cisjordanie. Ces cinq femmes se sont très vite frayé un chemin sur la scène des courses de rue, un monde sans concession, dominé par les hommes. C’est leur histoire qu’Amber Fares choisit de prendre pour objet principal de son documentaire.
En 2009, elle réalise son premier court-métrage dans le camp de Shu’fat en bordure de la ville de Jérusalem : Ghetto Town. Le camp est séparé du reste du monde par un grand mur et des checkpoints. C’est un camp violent qu’on connait généralement pour son taux de délinquance — peu de gens de la ville osent y mettre les pieds. Amber Fares décide d’aller tourner là-bas, afin de témoigner de la situation dans cet espace marginalisé où les individus sont victimes d’un pouvoir arbitraire et autoritaire. Elle pointe sa caméra sur les habitants qui racontent leur quotidien : chaque jour il y a des arrestations pendant la nuit, s’il n’y a rien eu pendant la nuit, c’est la maison d’un voisin qui se trouve détruite le lendemain etc.
Dans Ghetto Town, la réalisatrice canadienne choisit de suivre un groupe de jeunes rappeurs au quotidien — entre sessions freestyle et sessions graph’ — ils se confient à elle, et parlent de leur engagement artistique, de leurs rêves, de leurs espoirs et de leurs revendications pour demain.
Dans ces deux films, Amber Fares explore le thème du contrôle social ; comment continuer à vivre dans de telles conditions ? Peut-on encore exprimer sa passion ou son art quand chaque jour un contrôle militaire s’exerce sur vous ? Comment font les palestiniens ? Quels exemples nous donnent-t-ils ? Dans ses documentaires, Amber Fares se fait le relais de ces histoires remarquables, et pourtant banales, en somme, parce que quotidiennes, et qui dans une telle situation deviennent des exemples : les preuves éclatantes que la vie s’exprime même dans les conditions tragiques de l’occupation militaire.
La réalisatrice exprime ses ambitions pour Speed Sisters dans une interview : « Évidemment ce film va briser les stéréotypes de la femme arabe, et espérons qu’il en soit de même en ce qui concerne l’homme du moyen-orient. Je suppose que ce que je cherche c’est que les gens se divertissent et soit en même temps inspirés et amenés à réfléchir : "Wahou, ces femmes déchirent, et elles poursuivent leurs rêves malgré les obstacles de la vie en Palestine" ». Il s’agit de donner de la force aux victimes de l’occupation, leur dire que c’est possible de vivre pleinement, que d’autres parviennent à le faire.
Speed Sister rapproche l’histoire de ces femmes qui se déplacent librement dans leurs voitures de courses sur un circuit déterminé, avec les possibilités d’actions de résistance des palestiniens sous l’occupation. Dans la bande-annonce du film, une des speed sisters s’exprime ainsi : « Combien de temps allons-nous laisser l’occupation affecter nos vies ? Que sommes-nous censés faire, arrêter de vivre ? »
Plus largement, la réalisatrice choisit des histoires où elle a l’occasion d’aborder des thématiques partagées par les hommes : des jeunes qui font du rap, une équipe d’amies qui se lance dans la course automobile. Ces films ne sont pas reservés à un public palestinien, ils portent l’écho d’une voix internationale ; Ces palestiniens sont comme nous, ils partagent les mêmes envies et ils devraient donc avoir les mêmes chances de les réaliser. Amber tisse des ponts entre les cultures, elle nous donne l’opportunité de nous rapprocher de l’étranger, de celui chez qui on ne va pas, comme dans le camp de Shu’ta. C’est bien avec cette envie première de rapprocher les hommes et les cultures qu’Amber Fares se lance dans le cinéma : « A la suite des attentats du 11 septembre j’ai voulu raconter une histoire qui serait comme un pont tendu au dessus du fossé qui se creuse entre le monde Arabe et la Canada, où ma famille vivait ».
Filmographie :
2009 – Ghetto Town, Court-métrage documentaire
2015 – Speed Sisters, Long-métrage documentaire
Lucas.