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A Gaza gagnée par la folie des rollers, la jeunesse glisse malgré des petits moyens

Publié le dimanche 28 août 2016, Thèmes : - Sports, Lieux : - Gaza

Pratiquer ce sport, qui pourtant nécessite peu d’équipements, reste une gageure dans le territoire palestinien étouffé depuis dix ans par un sévère blocus.

Entre les joggeurs matinaux et les familles qui s’installent sur la plage, parasol sur l’épaule, Rajab, Mohammed et leurs amis glissent, sautent et se faufilent sur la corniche de Gaza, fiers de leurs figures sur des rollers d’occasion qu’ils ont remis en état eux-mêmes.

Depuis quelques années, la folie des rollers a gagné la petite enclave palestinienne, où près de la moitié de la population est au chômage. Mais pratiquer ce sport, qui pourtant nécessite peu d’équipements, reste une gageure dans le territoire palestinien étouffé depuis dix ans par un sévère blocus terrestre, aérien et maritime israélien.

Rajab al-Rifi, 20 ans, a mis une bonne part de ses économies dans l’achat d’une paire de rollers d’occasion et dans leur réparation. Il a longtemps fureté au souk Yarmouk, ce gigantesque marché où chaque semaine des tonnes d’habits, de chaussures et d’accessoires d’occasion venus de l’étranger, en grande partie d’Israël, s’échangent pour une poignée de shekels.

« A Yarmouk, on trouve beaucoup de choses que les Israéliens ont jeté. Nous, on les achète, on les remet en état et après on les utilise », explique-t-il à l’AFP en montrant ses rollers beiges et noirs. L’un de ses amis, lui, roule sur une chaussure à laquelle une roue manque.

Mais une fois les rollers aux pieds, il faut encore trouver un endroit où s’entraîner, explique Mohammed Hajjaj, en jogging noir et T-shirt bordeaux. « Il n’y a pas de clubs, pas même un espace que la mairie ou le gouvernement nous aurait attribué, il n’y a rien du tout pour les rollers à Gaza », déplore ce lycéen de 17 ans.

Mais dans la bande de Gaza, où la seule ouverture sur l’horizon est la Méditerranée qui longe l’enclave sur plus de 40 kilomètres, c’est sur la corniche que les adeptes du rollers, du vélo, de la voltige à moto ou à dos de cheval ou de chameau se retrouvent. Le week-end, c’est un véritable festival, une cour des miracles où chacun vient montrer son habileté et ses figures acrobatiques, souvent dangereuses.

Ce matin, Rajab, Mohammed et les autres caracolent, enchaînent les sauts du haut des escaliers qui mènent au bord de mer, n’hésitant pas à retomber, roulettes aux pieds, dans le sable. Sur un petit rond-point, ils s’élancent tous les six en même temps, se croisant dans un savant agencement qu’ils répètent régulièrement.

Autour d’eux, des badauds jettent des regards curieux, quand d’autres, têtes baissées, s’empressent de rejoindre la plage. Plusieurs employés de la municipalité, balais et sacs poubelle en main, arrêtent leur besogne et s’assoient, ébahis, pour les regarder. « Les gens sont heureux quand ils nous voient et beaucoup aimeraient faire comme nous », assure Mohammed. « Mais malheureusement, rien n’existe pour les aider à commencer ce sport ».

Source L’orient le jour

28 août 2016

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