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« Les Lettres de Yarmouk » un film documentaire de Rashid Masharaoui

Publié le mercredi 12 avril 2017, Thèmes : - Films

Ce film a été projeté le 13 avril dans le cadre du festival 2017 à l’université Lyon 3 à 19h et a été projeté dans le cadre du festival "PALESTINE EN VUE" 2016 le 25 mai au cinéma Les Alizés de BRON (Rhône)

Il sera projeté à Albertville dans le cadre du festival 2018

Bande annonce

2014 – 58’ Documentaire

Rashid Masharaoui est un cinéaste palestinien vivant à Ramallah. Ce réalisateur a mené, pendant des mois, une « correspondance » vidéo avec Niraz Saïd, un jeune photographe et artiste de Yarmouk, camp de réfugiés palestiniens (1948) près de Damas, camp coincé par, d’un côté par l’armée de Bachar Al Assad qui y a mis le siège et de l’autre, par les milices de Da’esh.

Il en est sorti un documentaire original, étonnant, qui parle autant des réfugiés, de la Palestine que de la Syrie dans la situation actuelle.


Qu’est devenu le pianiste du camp de Yarmouk que l’on voit dans le film ?


Critique

Un drame où la vie triomphe
Les Lettres de Yarmouk du réalisateur palestinien Rachid Meshahrawi est un documentaire poignant relatant l’histoire d’un des plus importants camps des réfugiés, touché par la folie meurtrière.

Après une longue tournée arabe et internationale qui a commencé par le Festival international du film de Dubaï, le documentaire Lettres de Yarmouk, signé par le réa­lisateur palestinien Rachid Meshahrawi, a été projeté à la 31e édition du Festival du film d’Alexan­drie pour les pays méditerranéens.

La caméra de Niraz, un jeune habi­tant du camp de réfugiés de Yarmouk, scrute l’itinéraire du drame humani­taire vécu par les habitants du camp depuis le déclenchement de la guerre syrienne. Avec ses quelques 500 000 habitants, ce camp, situé à 8 kilo­mètres de la capitale syrienne, est considéré comme le plus grand regroupement de réfugiés palesti­niens.

Le drame de ce camp débute avec les déclarations du régime syrien selon lesquelles le camps abrite des éléments de l’Armée Syrienne Libre (ASL). En conséquence, un siège est imposé et provoque une famine faisant des centaines de morts, notamment des enfants et des personnes âgées. Le régime syrien refusait de faire parvenir les aides alimentaires offertes par les organisations internationales.

Depuis Ramallah, Meshahrawi a choisi de suivre et d’enregistrer via Skype le quotidien de Niraz et de sa bien-aimée Lamis, qui poursuit ses études en Europe en souffrant du calvaire de l’exil. Niraz, de son côté, fait de son mieux pour lui cacher la réalité amère de son camp qui n’est plus que décombres.

Malgré le tournage non professionnel de Niraz, la structure compacte qu’impose Meshahrawi réussit à plonger le spectateur dans les détails du camp, comme s’il y effectuait une visite.

Le documentaire nous propose de voyager entre les histoires des habi­tants du camp et leurs souffrances, et retrace la vie des jeunes qui insistent à y mener leur vie et à en profiter. Ces jeunes persistent à réaliser leurs objectifs en dépit des conjonctures catastrophiques qu’ils vivent.

Dans cette foulée de sentiments et d’événements, le film fait un « zoom in » sur un jeune de 20 ans qui étudie la musique sous les détonations des bombardements. Rachid Meshahrawi réussit à sortir du piège des bulletins d’informations pour présenter au spectateur des scènes d’amour et d’espoir sortant tout droit d’un drame réel.

La sincérité des enregistrements de Niraz, tournés avec les habitants du camp de Yarmouk, était suffisante pour faire de Lettres de Yarmouk un grand film. Mais l’espoir et l’opti­misme que provoque le film lui confèrent toute sa splendeur.

Cet optimisme se ressent dans les paroles du jeune étudiant du conser­vatoire qui se dirige vers la salle d’étude. Dans son monologue, il s’interroge : « Comment puis-je jouer de la musique alors que les rues sont remplies de blessés et de personnes affamées qui fouillent les poubelles pour trouver de quoi man­ger ? La musique peut dessiner un sourire sur le visage de mes parents, et si je joue en plein milieu du quar­tier une chanson que tout le monde aime, je pourrais alléger le fardeau des habitants ».

Le documentaire aborde un drame où la vie triomphe. Il refuse de céder la place au désespoir. Au contraire, il diffuse une dose délicate de roman­tisme à travers l’histoire d’amour qui relie Niraz et Lamis malgré les mil­liers de kilomètres qui les séparent. Bien qu’ils ne se soient pas vus depuis plus de deux ans et qu’ils ignorent quand ils pourront se revoir, ils insistent à préserver leur histoire d’amour. Ils s’aiment encore et aiment leur patrie devenue de plus en plus cruelle. Mais ils n’ont rien à reprocher à cette patrie, juste aux dirigeants du monde qui y ont semé la guerre .


- Interview de Rashid Masharawi au courrier de Genève

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