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Mohammad Sabaaneh, dessinateur caricaturiste auteur palestinien
Publié le lundi 11 septembre 2023, Thèmes : - Culture

Mohamed Sabaaneh a engagé une tournée francophone dans le cadre de la sortie de son livre en langue française( - Editions Alifbata)
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plusieurs étapes ont concerné la région AURA
le 7 septembre 2023 à Lyon à l’IFCM
le 8 septembre à Albertville
le 9 septembre à St Etienne
le 11 septembre à Vénisieux
Ce nouveau livre de Mohammad Sabaaneh vient de sortir "JE NE PARTIRAI PAS mon histoire est celle de la Palestine"
synopsis : un oiseau se pose à la fenêtre d’une cellule et propose au détenu le pacte suivant : toi, tu fournis les crayons et moi, je fournis les histoires"
Chaque jour, armé de son crayon et de feuilles dérobées à l’enquêteur, le prisonnier dessine ces histoires : elle de ce jeune couple qui n’arrive pas à franchir les checkpoints pour rejoindre à temps la maternité de Jérusalem ; celle d’un père et d’une fille séparée par la prison et qui se connaissent uniquement en photo ; celle d’une mère qui attend son fils sorti le matin pour aller à l’école et qui n’est jamais revenu ...
Au fil des pages les récits rapportés par l’oiseau illustre combien la prison est plus vaste qu’un simple bâtiment, combien elle va au delà d’une cellule s’étendant aux villes et villages.
Mais ’est aussi la résistane des Palestiniens,, leur espérance et leur refus de partir que l’auteur retrae ae force et poésie dans ces planches réalisées en linogravure à la suite de son expérience carcérale.
"Un triomphe artistique qui restera comme un vibrant hommage à l’esprit du peuple palestinien. Mohammad Sabaaneh est un maître" Joe SACCO
Palestine book awards 2022
Palestine. Mohammad Sabaaneh, un caricaturiste qui dérange
article paru dans l’Humanité, Pierre Barbancey
Venu de Cisjordanie, le troisième lauréat du prix de la BD arabe en 2013 est à Paris, où il présente son travail dans le cadre de l’exposition « la Palestine en dessins » à l’espace Niemeyer. Itinéraire d’un dessinateur qui fut emprisonné pendant trois mois par Israël il y a cinq ans.
Un visage encore doux d’enfant à l’approche de ses 40 ans, le visage cerclé par des lunettes, on donnerait, comme on dit, le bon dieu sans confession à Mohammad Sabaaneh, l’un des rares caricaturistes de presse palestinien. Selon son décompte, ils seraient trois en Cisjordanie et trois à Gaza même si, évidemment, on en compte plus en Jordanie et en Europe. Mohammad serait-il tombé dans la potion magique de la caricature étant petit ? Certainement, puisque, au Koweït, où il est né, sa mère déjà lui montrait les dessins de Naji Al Ali et son personnage, Handala, un gamin le dos toujours tourné, les mains croisées dans le dos, comme un élève dissipé qu’on met au coin.
La Palestine en dessins avec de nombreux artistes
Handala, qui a disparu un mauvais jour de 1987 avec son créateur, assassiné vraisemblablement par le Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens, à Londres. « Pour ma mère, nous montrer les dessins de Naji Al Ali était un outil, une façon de nous parler de la Palestine, le pays de nos ancêtres », raconte Mohammad Sabaaneh devant l’un de ses dessins qu’il présente dans le cadre de l’exposition « la Palestine en dessins » (organisé par Plateforme Palestine jusqu’au 5 décembre à l’espace Niemeyer, 2, place du Colonel-Fabien à Paris) avec de nombreux artistes arabes et européens. C’est une femme qu’on devine palestinienne avec, dans son ventre, des êtres enchaînés, des morceaux de mur, des barrières de check-point, des égorgements. Et, à l’extérieur, un bonhomme sur une barque, frêle esquif, en train de ramer. Image de la Palestine ? Pas seulement. « Bien sûr, on peut y voir le sort des Palestiniens, explique l’artiste. Mais, en réalité, cela ne s’applique-t-il pas au monde d’aujourd’hui ? Le mur que Trump dresse contre les migrants, les millions de réfugiés, la guerre en Syrie, celle au Yémen… »
On ne sait s’il faut parler de vocation. Toujours est-il qu’âgé d’à peine 6 ans le petit Mohammad remporte déjà un prix pour un dessin évoquant la Palestine. Une addiction dont il ne se séparera jamais. À l’université, il étudie l’architecture d’intérieur mais le démon est toujours là et, en 2001, dans la grande ville palestinienne de Naplouse où il est étudiant, il affiche ses dessins pour une exposition totalement originale. « En fait, je m’y suis vraiment mis dès le premier jour de l’Intifada, explique-t-il, en référence au soulèvement palestinien qui a éclaté fin septembre 2000. Il fallait que j’exprime ce qui se passait en Palestine à ce moment-là. » Internet n’a pas encore inondé les esprits et l’influence de Naji Al Ali se fait encore sentir, notamment à travers le dessin en noir et blanc. « Quand j’ai eu accès à la Toile, j’ai pu regarder ce que faisaient les caricaturistes dans le monde, souligne Mohammad Sabaaneh. Ce qui m’a permis d’affiner et d’affirmer mon style, par l’utilisation de l’ordinateur et de la couleur. »
« Tout est lié à l’occupation et il fallait parler de ça »
À l’instar de Naji Al Ali, il donne naissance à un personnage, Abou Fayeq, pour parler de la situation politique mais aussi de la réalité palestinienne. Un personnage qu’il abandonne en 2013 « parce que la situation politique était plus importante. On nous faisait croire que nous vivions dans un État, en Cisjordanie, mais c’était faux. Tout est lié à l’occupation et il fallait parler de ça. À cause de la guerre entre le Fatah et le Hamas on a perdu notre temps, on s’est épuisé. »
Troisième lauréat du prix de la BD arabe en 2013, Mohammad Sabaaneh publie des dessins de presse dans plusieurs journaux arabes comme Al-Hayat al-Jadida ou Al-Ghad. Il est l’auteur de l’ouvrage Blanc et Noir : dessins animés politiques de la Palestine et anime également des ateliers de dessin pour enfants. Le dessin et plus encore la caricature sont une arme redoutable. En 2013, de retour de Jordanie, il est arrêté par l’armée israélienne et passe trois mois en prison. L’interrogatoire qu’il subit montre que ses images déplaisent à l’occupant, qui le lui fait payer. Mohammad Sabaaneh doit malheureusement aussi affronter une censure larvée de la part des journaux auxquels il collabore. Les dessins évoquant l’Arabie saoudite, la situation économique ou la corruption en Palestine sont régulièrement écartés. « Mais dans ma tête je garde toute ma liberté », proclame-t-il fièrement.
Source : l’Humanité, Pierre Barbancey
Vidéo : :
https://www.youtube.com/watch?v=sEiTrKbF0GU