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« JAFFA La mécanique de l’orange » film d’Eyal SIVAN

Publié le lundi 25 septembre 2023, Thèmes : - Films, Lieux : - jaffa

Jaffa, la mécanique de l’orange, un film d’Eyal Sivan, durée : 90 minutes.

Date de sortie 1 avril 2010
Durée 88 mn
Réalisé par Eyal Sivan
Année de production 2009
Pays de production Allemagne, Belgique, France
Genre Documentaire histoire

Distribution momento films

bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=3adpIfBdZZU

Jaffa, l’une des plus anciennes villes du monde, était aussi l’une des villes les plus prospères et les plus peuplées de Palestine. Avec ses orangeraies déployées à perte de vue, elle fournissait du travail, depuis la cueillette du fruit jusqu’à sa préparation pour l’exportation, non seulement aux Palestiniens mais à des ouvriers venus d’Egypte, de Syrie, du Liban.

En 1948, plus de 4 000 bombes tombent sur Jaffa. Sur les 85 000 Arabes qui y vivaient, il ne va plus en rester que 3 000. Le gouvernement israélien confisque les orangeraies et s’approprie l’orange de Jaffa, qui est devenue le symbole des produits de la colonisation.
Pour nous raconter cette « mécanique de l’orange » et le recouvrement de Jaffa, Eyal Sivan met à l’écran une foule d’images et de représentations et donne la parole à de nombreux interlocuteurs palestiniens et israéliens, historiens, écrivains, chercheurs, ouvriers… Un travail remarquable autour d’un fonds d’archives, photographies, peintures, vidéo, et de témoignages percutants.

On y voit d’abord, dans les années 1920, Arabes et Juifs travailler ensemble dans une relation qui a été extirpée des deux mémoires. Les Juifs ne possédaient alors que 7 ou 8 % des terres et les paysans palestiniens, qui transmettaient leur savoir-faire, étaient loin d’imaginer que dans le sillage de leurs élèves viendraient leurs colonisateurs.

La rupture est intervenue avec l’arrivée des kibboutzim : « Pour eux, nous étions des traîtres », indique un agriculteur israélien qui se souvient : « Ils voulaient imposer le travail juif. Mais l’idéal était une chose, la réalité une autre : Ils pelaient au soleil. » Leur peau claire et leur incapacité à travailler la terre ne les empêcheront pas de persister. La colonisation sera méthodique et rigoureuse, donnée à voir avec documents et images d’avant 1948 en abondance.

Le début de la photographie remonte à 1839 et Khalil Khaed est le premier photographe palestinien à avoir immortalisé les Palestiniens dans les champs d’agrumes et leur relation charnelle à la terre. Puis les Israéliens vont effacer la présence arabe et imposer leurs propres représentations. « On s’est d’abord approprié l’image et après la terre », précise une historienne israélienne : « Les Juifs veulent donner une vision européenne de la Palestine : l’Orient vu de l’Occident. » Avec la peinture aussi, les colons se veulent dans la continuation de l’orientalisme. Ils se travestissent en celui qu’ils viennent remplacer. Le discours de la « terre arabe mal exploitée et peu fertile » se met en place. La propagande sioniste a recours à une iconographie très organisée et contrôle totalement les images produites pour échafauder le mythe d’une terre à l’abandon où ils viennent introduire la modernité. « Le cliché selon lequel la colonisation apporte le progrès ! », souligne Elias Sanbar. Et qui va se décliner dans des images de la bonne santé dans le travail, les chants, les danses, les femmes radieuses, émancipées et en short... C’est le réalisme socialiste à l’israélienne, le rêve colonial qui produit les oranges que l’Orient envoie à l’Occident.

L’orange va devenir un symbole de l’idéologie sioniste. « L’Israël des oranges, c’est un Israël sans Arabes », résume un historien. Dès 1948, les Israéliens déposeront la marque Jaffa. Près de 5 millions de caisses par an seront produites jusqu’en 1970. Les investissements en budgets publicitaires sont considérables : « Jaffa est aux fruits ce que Coca-Cola est à la boisson. » En devenant une marque, la « Jaffa » a effacé la ville de Jaffa, absorbée aujourd’hui par Tel-Aviv.

Jaffa, la mécanique de l’orange, un film d’Eyal Sivan, durée : 90 minutes.

- Eyal Sivan est cinéaste, enseignant, essayiste et chercheur indépendant et vit à Marseille. Né en 1964 à Haïfa, en Israël-Palestine, il s’installe à Paris en 1985. Sivan a réalisé plus de quinze documentaires politiques internationalement récompensés et en a produit de nombreux autres. Ses travaux cinématographiques ont été montrés dans des festivals prestigieux et ont été largement diffusés sur des chaines des télévisions et dans des salles de cinéma partout dans le monde. Ses films sont régulièrement exposés dans de grandes expositions d’art et inspirent continuellement des universitaires et des chercheurs de diverses disciplines.

Parallèlement à ses activités cinématographiques et à ses recherches, il est un conférencier de master classes et d’enseignement en Recherche artistique dans et à travers le cinéma et la pratique des médias visuels. Il donne régulièrement a travers le monde des conférences sur le conflit israélo-palestinien, le cinéma documentaire et l’éthique, la représentation des crimes politiques, l’utilisation politique de la mémoire, et plus encore.

Eyal Sivan a reçu le Prix de Rome du Ministère de la Culture et a résidé un an à la Villa Medicis à Rome. Il est le fondateur et directeur artistique de la structure de production et de distribution Momento ! et membre honoraire du Centre européen d’études sur la Palestine de l’Université d’Exeter au Royaume-Uni. Il est le fondateur et le premier rédacteur en chef de South Cinema Notebooks – magazine de cinéma et de critique politique édité par le collège universitaire Sapir en Israël où il a été professeur pendant 10 ans. Eyal Sivan a également longtemps été membre du comité éditorial de La Fabrique Éditions à Paris. Associate Professor à l’Université d’East London (UEL), ou il a codirigé le Master en cinéma, vidéo et nouveaux médias. Eyal Sivan a été le conseiller du Master cinéma de la Netherlands Film Academy, et a occupé simultanément les postes de professeur principal du master et celui de directeur de recherche en cinéma de la NFA/ Amsterdam University of the

filmographie

État commun, Conversation potentielle [1], long métrage documentaire, 2012.
Jaffa, la mécanique de l’orange, long métrage documentaire, 2009.
Route 181, Fragments d’un voyage en Palestine-Israël, co-réalisé avec Michel Khleifi, long métrage documentaire, 2003.
Un spécialiste, Portrait d’un criminel moderne, long métrage documentaire, 1999.
Izkor, Les esclaves de la mémoire, long métrage documentaire, 1990.

https://www.rencontresaverroes.com/intervenant/eyal-sivan/

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