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AMIRA un film de Mohamed Diab

Publié le samedi 16 octobre 2021, Thèmes : - Cinema

Ce film a été présenté au Cinémed 2021 – Festival international du Cinéma Méditerranéen de Montpellier
43e édition
https://www.cinemed.tm.fr/

présenté à la mostra de Venise 2021

il était prévu de représenter la Jordanie aux 94e oscar en 2022 avant les vives critiques portées par des associations de prisonniers palestiniens : information du 12 décembre.
"Face au tollé, le Comité royal jordanien des films a annoncé avoir retiré la candidature d’Amira aux Oscars, citant "l’énorme polémique" et disant avoir agi "par respect pour les sentiments des prisonniers et de leurs familles".

Quant à l’Arabie saoudite, qui tient son premier grand festival du film, elle l’a tout simplement déprogrammé.

Amira
Mohamed Diab
Fiction, 95 min
Egypte, Jordanie, 2021

synopsis

Amira est une jeune fille pétillante de 17 ans qui a grandi en croyant qu’elle avait été conçue avec le sperme clandestin de son père emprisonné. Son sentiment d’identité est brisé lorsqu’une nouvelle tentative de concevoir un enfant avec le sperme de son père, issu de la contrebande, révèle qu’il est stérile, ce qui ébranle sa communauté et retourne sa famille contre elle-même. Amira se lance dans une quête pour découvrir son père biologique et sauver ce qui reste de son identité alors que son monde s’écroule.

Avec Ali Suliman, Saleh Bakri, Kais Nashif, Is’haq Elias, Ziad Bakri, Saba Mubarak

Production : Hani Abu-Assad et Amira Diab pour Al Taher Media Production, Mohamed Hefzy pour Film Clinic, Moez Masoud pour Acamedia, Mona Abdelwahab pour The Studio

critique Amira est une adolescente palestinienne dont le père est condamné à perpétuité dans une prison israélienne pour terrorisme. Lorsque l’homme exprime le désir d’avoir un autre enfant avec la même pratique adoptée pour elle (la libération clandestine de sperme pour la fécondation artificielle) un problème surgit qui affectera la vie de la fille.

Amira va à l’école et étudie mais a le droit, dans son temps libre, de consacrer à la photographie et a un petit laboratoire photographique ouvert pour maintenir sa passion en vie. La caméra de Mohamed Diab nous la fait rencontrer alors qu’elle réalise des autoportraits qui serviront ensuite à créer de simples photomontages. Amira a un petit ami Ziad, qui l’aime et veut l’épouser. Elle vit avec sa mère Warda, sa grand-mère et son oncle paternel, Bassel la famille de celui-ci. Elle sait qu’en raison de la situation de son père, ses parents ont dû se marier par procuration – d’ailleurs, elle visionne la vidéo d mariage de ses parents où l’on voit sa mère, en robe de mariée, assise à côté du portrait de son père et que sa conception ne pouvait avoir lieu qu’in vitro. Amira aime sa famille, en particulier son père, qu’elle considère comme un héros. Pour cette raison, lorsque le désir de son père d’avoir un deuxième enfant met en lumière sa stérilité due à un problème congénital, la vie d’Amira et celle de sa mère sont bouleversées, brisées par le poids de la pression familiale et de l’omerta de la société qui juge et ostracise mère et fille aussitôt. Amira est convaincue qu’elle est née d’une conception clandestine. Un jour, elle découvrira la vérité et rien ne sera plus jamais pareil.

La famille du père porte le poids du frère aîné qui se cache tandis que le frère cadet a été arrêté et croupit en prison. Ce sont des vies marquées par des rancunes, des non-dits, de l’amertume qui ont leurs racines dans un contraste que l’histoire nous a raconté et que la chronique politique et sociale de ces terres occupées met périodiquement en lumière. Ces secrets familiaux, ces silences et ces mensonges sont des marques indélébiles qui ne peuvent pas être « retouchées » comme le fait Amira avec les photographies.

Mohamed Diab suit le parcourt de la fille et de sa mère, les accompagnant avec pudeur et tendresse malgré la difficulté des sujets abordés, à travers les méandres émotionnels du récit avec une attention constante et sans porter aucun jugement. Sans se poser en juge mais, en même temps, sans cacher les problèmes.
Le film trouve son origine dans le phénomène croissant du trafic de sperme – le sperme de contrebande – dans les prisons israéliennes, comme l’explique le générique de fin. Parfois, comme dans le cas d’Amira, et pour diverses raisons, ce type de trafic finit par créer des drames existentiels d’une ampleur énorme, des drames pour lesquels les personnes impliquées paient des conséquences injustes et imméritées, subissant des condamnations de part et d’autre du mur dans le cas d’Amira.
Les performances des acteurs est excellente et il est à souligner le jeu remarquable du jeune Ali Suleiman (Ziad), et de la jeune actrice Tara Abboud (Amira), qui apparaît pour la première foison cinéma, aux côtés de Qais Nashif ,Walid Zuaiter et Ahmed Hafez.

Avec Amira, Mohamed Diab part de ce support symbolique qu’est la photographie et ses trucages pour explorer la capacité de la jeune fille à corriger les photos prises pour améliorer l’apparence de ses clients et déboucher sur une réflexion profonde sur le sens de la vie et de l’appartenance dans les territoires palestiniens.

La confusion et la colère de la fille sont légitimes et les spectateurs partagent ses sentiments mais Amira se heurte à un mur d’incompréhension et ses parents envisage de la faire fuir en Égypte pour échapper à la vendetta même si sa famille essaie de la protéger par tous les moyens de ce qui l’attend, mais avec peu de succès, puisque c’est la conséquence d’un drame historique sans résolution.

Le réalisateur a commenté son film en ces termes :

« Le fait qu’il existe une certaine forme de « conception immaculée » dans l’endroit le plus sacré et divisé sur terre est fascinant mais surréaliste. Amira est une exploration microcosmique de la division et de la xénophobie qui existent dans le monde d’aujourd’hui. En train de dévoiler l’identité de notre héroïne, le film pose la question : la haine est-elle naturelle ou nourrie ? »

À travers le portrait d’une adolescente brisée et victime de son histoire, Mohamed Diab lève le jour sur un phénomène de société du Moyen-Orient méconnu en Occident et remarquablement servi par des acteurs tous parfaits et justes.

Firouz E. Pillet, Venis


Mohammed Diab (en arabe : محمد دياب) est un réalisateur, scénariste et écrivain égyptien dont le travail est principalement centré sur les évolutions de la société égyptienne. Il est surtout connu pour son film Les Femmes du bus 678 qui traite du harcèlement sexuel des femmes dans la ville du Caire. Il est également connu pour avoir participé à l’écriture du scénario du film El Gezeira (The island).

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