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« Le Palais des deux collines » roman de Karim Kattan

Publié le lundi 29 mars 2021, Thèmes : - Culture

résumé  : Faysal, un trentenaire, retourne à Jabalayn, son village natal en Palestine. Issu d’une famille bourgeoise décimée, il vit dans le palais des deux collines où ressurgissent le fantôme de sa grand-mère, les secrets de ses proches ainsi que son propre passé. Alors que le pays est envahi par les colons israéliens, Faysal reste enfermé chez lui, perdant peu à peu le sens de la réalité.
Premier roman.


Le titre de l’ouvrage est évocateur. Il annonce une plongée déconcertante dans un conte de fée palestinien. Après la réception d’un faire-part annonçant le décès d’une inconnue, tante Rita, Fayçal, trentenaire palestinien, abandonne amant et vie en Europe pour un retour à Jabalayn, un village fictif de Cisjordanie.

Comme dans les contes de fées, l’intrigue se déroule dans un temps non défini et par conséquent éternel et universel. Dans le palais déserté de son enfance, le fameux « palais des deux collines » (jabalayn en arabe), Fayçal s’aventure à la recherche de son histoire familiale.

Si les habitants de ce palais – les membres de la famille de Fayçal – sont tous décédés, le retour au bercail de ce dernier les fera bien ressurgir d’entre les morts.

Raconter les Palestines

Le lecteur découvre alors, au fil des souvenirs de Fayçal, les différents membres d’une tribu haute en couleur, fantasque, chacun incarnant, à sa manière, les composantes plurielles de la société palestinienne.

Ainsi, il y a Nawal, la grand-mère, gardienne des traditions et militante acharnée de la cause palestinienne, qui rêve de prendre les armes contre les colons. Ou encore Joséphine, la petite amie de l’oncle Ayoub, sensuelle, féminine et insolente. Et un riche grand-père, Ibrahim, dont l’histoire n’est pas aussi reluisante qu’il n’y paraît au premier abord….

Leurs voix s’entremêlent au fil des pages pour donner une dimension orale au texte, qui entre en résonance avec l’écriture poétique de l’auteur. Ces voix rappellent également une Palestine complexe, multiple, éclatée, rongée par l’annexion grandissante, mais qui résiste envers et contre tout

Le fardeau de l’exil

Le personnage de Fayçal porte en lui le lourd sceau de l’exil. Et son retour dans la maison familiale pose des interrogations que connaissent tous les exilés du monde : comment appartenir à une terre que j’habite uniquement dans mes souvenirs ? Comment revenir lorsqu’on est parti ? Que va-t-il advenir de mon pays, la Palestine ?

Fayçal débute, à son insu, une lente reconquête vers une identité palestinienne, d’abord honnie, puis finalement embrassée dans sa flamboyance et ses aspérités.

Cette plongée dans les méandres de l’exil fait résonner les mots du poète palestinien Mahmoud Darwich : «  Je suis un poète qui est en quête d’une patrie simple. D’une patrie normale. D’une vie humaine faite de simplicité, sans héros et sans victime. Je cherche une paix pauvre qui est infiniment plus précieuse que tout le reste. »

article repris du site middleeasteye.net

Karim Kattan
https://www.youtube.com/watch?v=Tm6lXpoKpd0
est franco-palestinien. Il a grandi en Palestine et a été naturalisé français pendant son adolescence. Il est doctorant en littérature comparée à l’Université Paris-X. Il a par ailleurs fondé l’association El-Atlal, une résidence d’artistes et d’écrivains à Jéricho, en Palestine.

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