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85 % de la population de Jéricho vit de l’agriculture

Publié le dimanche 18 juin 2017, Thèmes : - Économie, Lieux : - Jéricho

Grâce à l’eau, la vallée du Jourdain et Jéricho fournissent « le panier de légumes de la Palestine », explique le patron de la Chambre de commerce et d’agriculture. 85 % de la population y vit de l’agriculture. 30 % de la production palestinienne de légumes, 100 % de celles de dattes Medjoul et de bananes viennent de la région. À elle seule la datte emploie 3 500 personnes et fait vivre des milliers de familles palestiniennes. Une des plus grosses sociétés de la filière, Nakheel Palestine, exporte via le pont Allenby vers la Turquie et les pays arabes.

Elle exploite 56 000 palmiers dans la zone A, et emploie 70 salariés, 100 fermiers sur ses plantations, et 100 saisonniers pour la récolte et l’expédition. La firme achète en outre les dattes de centaines de petits producteurs indépendants.

D’autres s’organisent en coopératives, mais ont plus de mal à accéder au marché international. D’autant que la datte palestinienne se heurte à la concurrence de celles des plantations israéliennes, clôturées de grillages, de barbelés, et parfois de miradors. Sur le marché français, par exemple, il est beaucoup plus facile de trouver des dattes Medjoul israéliennes, en réalité en provenance des colonies, que palestiniennes. Les Israéliens produisent dans la région environ 30 000 tonnes de dattes par an, contre 4 000 pour les Palestiniens. Grâce à la vallée du Jourdain, Israël « tient » 50 % du marché mondial de la Medjoul.

Souvent vendues sur nos marchés à plus de 20 euros le kilo, elles rapportent beaucoup, d’autant que ses conditions de culture plus intensives, en raison notamment de l’irrigation massive pratiquée dans les plantations des colonies font qu’elles reviennent quatre fois moins cher que la datte palestinienne, respectueuse elle de l’éco-système…

Le réveil de la belle endormie

Autrefois dominée par trois grandes familles et peuplée de paysans, Jéricho avait vu sa structure de population bouleversée en 1948, avec l’arrivée de milliers de réfugiés, et la création de deux camps : Aqbat Jaber au sud de la ville et Ein as Sultan au nord. Mais sa géographie et son mode de vie ont encore été plus profondément modifiés depuis les années 1990, avec la poussée de la colonisation agricole sous l’autorité des administrations civiles et militaires israéliennes. L’objectif est simple : « ne plus laisser de place aux Palestiniens », résume Lina Fattom.

Ce qui se traduit par des villages et des campements bédouins détruits, l’extension des territoires des colonies, la fermeture de zones pour des entraînements militaires, la multiplication des checkpoints pour réduire le plus possible l’espace des habitants palestiniens de la vallée du Jourdain.


Extrait de l’article d’Amnesty International : "Jéricho prend datte"

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