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Une femme célébre un mariage, une première en Palestine
Publié le mercredi 19 août 2015, Thèmes : - Société, Lieux : - Ramallah

Pièces d’identité en main, coran à portée de doigts, le juge prononce Thaër et Rawan mari et femme. La scène serait banale au tribunal de Ramallah si le juge n’était une femme, la première à célébrer des mariages musulmans dans les Territoires palestiniens.
À 33 ans, Tahrir Hamad, longue robe noire décorée d’un drapeau palestinien et keffieh jeté sur l’épaule, accomplit une révolution à l’échelle des femmes palestiniennes : depuis le 29 juillet, elle est la première « mazouna », dignitaire musulman habilité à sceller mariages et divorces. Elles ne sont que quelques-unes, rarissimes, à travers le monde arabe, en Egypte, à Abou Dhabi et désormais dans les Territoires.
Pourtant, dit-elle le sourire aux lèvres, « le seul obstacle vient de notre société patriarcale, car il n’y a aucune raison religieuse ou légale qui empêche les femmes d’occuper ce poste ». Cette conviction, elle l’a forgée au cours de ses dix années d’études islamiques parachevées par un master de droit musulman. Maintenant qu’elle est l’un des cinq juges à célébrer des unions au tribunal islamique de Ramallah, le siège de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée, elle assène cet argument à tous les futurs mariés qui rechignent à la laisser officier.
En une semaine, elle a célébré huit mariages et essuyé deux refus catégoriques : l’un des futurs mariés « a été incapable d’avancer une raison, il a juste dit : ’je ne veux pas qu’une femme célèbre mon mariage, c’est tout !’ », raconte-t-elle à l’AFP.
Faire avancer la cause des femmes
Si le statut de la femme palestinienne est souvent cité en exemple dans le monde arabe, nombreuses sont celles qui militent pour que les femmes occupent une place plus importante. Sur 18 ministres, le gouvernement actuel compte trois femmes et 17 femmes siègeaient dans le parlement de 132 députés, qui en raison des divisions politiques ne s’est pas réuni depuis 2007. Avant Tahrir Hamad, trois femmes avaient ouvert une brèche dans l’univers exclusivement masculin de la justice et sont désormais juges dans des tribunaux civils.
Quant aux droits de la future mariée, Tahrir Hamad y veille. C’est avec application qu’elle fait porter au contrat de mariage de Tayssir Hamad et de Faten al-Deik les conditions de cette dernière. Après le mariage, Faten continuera ses études jusqu’au doctorat, puis travaillera. Elle fait même écrire que la décision éventuelle de quitter son futur travail lui appartiendra. A elle seule