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Girafada

Publié le vendredi 5 avril 2019

Fiction réalisé par Rani Massalha France/Palestine 2014, 1h25 min

Le film de Rani Massalha est une fable politique qui se déroule dans le dernier zoo palestinien, sur la route de Naplouse, dans une zone encerclée par le mur. Par amour pour son fils, un vétérinaire kidnappe une girafe en Israël et la ramène dans les territoires occupés. Inspiré d’une histoire vraie.

-  Distributeur  : Pyramide Distribution

- Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=5gJCx9I7JN8


Hind Meddeb sur franceinfo :

Rani Massalha

est né à Paris d’un père palestinien et d’une

mère égyptienne. Après avoir fait des études à Sciences Po et à l’Université de
Boston, il décroche un premier job dans la finance à la City à Londres. En
2002, à la lecture d’un article dans le journal, son destin va basculer. "J’étais à la City et je lis dans le journal : ’Nouvelle
victime du conflit israélo-palestinien : une girafe est morte dans le zoo
de Qalqilya’. Ma première réaction a été de vouloir aider le zoo à
faire venir une nouvelle girafe. Mes efforts ont été vains. Sur le ton de la
blague, j’ai dit au vétérinaire du zoo que la seule solution serait de
kidnapper une girafe dans un zoo israélien. « »Raconter le conflit israélo-palestinien à travers le
point de vue d’un enfant"

L’idée du film Girafada est née. Dans le dernier zoo de
Palestine, un couple de girafes vit paisiblement jusqu’au jour où le mâle est
mortellement blessé suite à un raid israélien. La girafe survivante sombre dans
une dépression et refuse de se nourrir. Le vétérinaire du zoo et son fils se
lancent alors dans une aventure a priori impossible : faire venir une girafe
mâle d’un zoo israélien.

"Je me suis servi de ce fait divers pour en faire un
conte cinématographique, raconter le conflit israélo-palestinien à travers le
point de vue d’un enfant. Il faut imaginer la vie d’un enfant palestinien qui
grandit à Qalqilya. Son quotidien, ce sont les checkpoints, les colons qui
arrachent les oliviers de ses parents. Il n’a jamais vu la mer alors que la
Méditerranée est à 13 kilomètres. Le film raconte l’histoire de la relation
entre un enfant et une girafe, entre un père et son enfant qui essaye de lui
redonner espoir . « »Si à 25 ans on ne prend pas de risque, on n’en prendra
jamais"

Mais à l’époque, Rani n’est pas encore cinéaste. Du jour au
lendemain, il va décider de de quitter la finance et de changer de vie : "Je
n’ai pas fait d’école de cinéma. J’ai pris un abonnement au vidéo club et je
visionnais plusieurs fois les films sans le son, pour comprendre comment ils
étaient fabriqués. Puis j’ai été assistant de Rachid Bouchareb sur le film Hors
la loi, ça a été très vite. J’ai décidé de changer de vie parce que j’avais 25
ans et que si à 25 ans on ne prend pas de risque, on n’en prendra jamais !
Et puis, j’y croyais, il y avait une force en moi, ce film était comme une
évidence. "

Rani Massalha a été marqué par l’engagement politique de son
père qui a passé toute sa vie en exil : "Mon père a quitté la
Palestine quand il avait 25 ans. Il a eu une bourse pour venir étudier en
Suisse. Il était membre de l’OLP, qui à l’époque était considéré comme une
organisation terroriste. Quand j’étais à l’école, j’étais considéré comme le
fils du terroriste .

Ce n’est qu’à l’adolescence que Rani découvre enfin le pays
de son père.

"Un aboutissement dans ma quête pour comprendre mes
origines« »Jusqu’en 1993, nous n’avions pas le droit de rentrer
en Palestine. Après les accords d’Oslo, les réfugiés Palestiniens ont obtenu le
droit de rendre visite à leurs familles. J’avais 15 ans la première fois
que j’ai rencontré ma famille palestinienne ."

En réalisant Girafada , son premier long métrage, Rani Massalha
renoue avec ses origines : "Finalement, ce film m’a permis de passer
du temps en Palestine, de comprendre d’où je venais. Ce film est un
aboutissement dans ma quête pour comprendre mes origines ."

Rani Massalha a dédié le film à son père, disparu peu avant
le début du tournage.